L'Analphabétisme

QU’EST-CE QUE L’ANALPHABÉTISME?

L’analphabétisme est l’incapacité de lire et d’écrire. Mais cette notion a évolué au cours du temps. Aujourd’hui, on parle plutôt « d’analphabétisme fonctionnel ». Il s’agit de la faible capacité à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie quotidienne d’une personne, nuisant ainsi tant à son fonctionnement en société qu’à son développement personnel. Désormais, l’analphabétisme est évalué sur une échelle de cinq niveaux de compétences, que l’on peut aussi qualifier de niveaux d’alphabétisation.

Niveau 1

La personne peut signer, reconnaître et décoder un mot de temps en temps, mais elle est incapable de lire un mode d’emploi. Il s’agit de très faibles compétences.

Niveau 2

La personne peut lire les grands titres des journaux et des magazines, mais pas un article au complet. Son vocabulaire est limité. Ce niveau correspond à de faibles compétences.

Niveau 3

La personne peut lire et comprendre l’information. Elle possède le niveau minimum souhaité de compétences pour fonctionner dans la société d’aujourd’hui.

Niveaux 4 et 5

La personne peut traiter de l’information complexe sans véritables problèmes.

Un niveau 3 est donc nécessaire pour obtenir un diplôme d'études secondaires, occuper un emploi de base sur le marché du travail, acquérir de nouvelles compétences professionnelles et traiter l’information indispensable pour se maintenir en bonne santé.

En 2005, Statistique Canada rendait publics les résultats canadiens de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) réalisée en 2003. Les résultats sont dévastateurs : au Québec, 1,3 million de personnes se retrouvent au niveau 1 en compréhension de textes suivis, ce qui équivaut à 22 % de la population de plus de 16 ans. La proportion augmente à près de 55 % pour les personnes de 16 ans et plus qui se classent au niveau 1 ou 2.

Notre société du savoir cache-t-elle des maux?

ANALPHABÉTISME ET ÉDUCATION

Les jeunes qui ont de graves difficultés à lire et à écrire proviennent généralement de milieux défavorisés peu propices à l’apprentissage (pauvreté, troubles familiaux, absence de stimulation à la maison…). À l’école, ces jeunes qui ne répondent pas aux critères d’éveil à l’écrit sont rapidement envoyés vers des voies d’évitement (programmes allégés) qui les marginalisent, les étiquettent et les incitent à quitter le système scolaire. L’école reflète les valeurs et les normes d’un groupe social issu d’un milieu favorisé. Les élèves de milieux défavorisés qui ne correspondent pas à ces normes s’en sentent exclus.

Le résultat net : 36 % des jeunes de 16 à 25 ans ne pourront pas réaliser leur plein potentiel au cours de leur vie, car ils quittent l’école sans avoir atteint le niveau 3 en alphabétisation.

ANALPHABÉTISME ET TRAVAIL

45 % de la population active n'est pas qualifiée pour faire face aux avancées technologiques et n’ont pas le niveau d’alphabétisation pour suivre une formation continue et s’adapter aux exigences croissantes du marché du travail. S’il était possible autrefois de bien gagner sa vie avec un niveau 2, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Chaque fois qu’une usine ferme, des personnes se retrouvent donc sans emploi, ou doivent accepter des emplois précaires à moindre salaire et souvent dans des conditions de travail néfastes à leur santé.

ANALPHABÉTISME ET SANTÉ

L’analphabétisme est étroitement lié à la pauvreté. Ainsi, les conditions de vie difficiles auxquelles plusieurs personnes analphabètes sont soumises– dues à la précarité alimentaire, à leurs habitudes de vie parfois néfastes, au manque d’activité physique et au stress chronique provoqués par la pauvreté et l’isolement – ont une influence majeure sur leur santé. La capacité de lire et de comprendre l’information au sujet de la santé, des médicaments et de la nutrition, tout comme la capacité d’interagir avec les professionnels de la santé, de s’orienter dans le système de santé et d’adopter des comportements sains est essentielle pour améliorer l’état de santé des individus1.

Au Québec, près des deux tiers des personnes de 16 ans et plus sont au niveau 1 ou 2 de l’échelle de littératie en santé. Or, un niveau 3 est jugé minimal pour comprendre l’information du domaine de la santé2.

FAITS

L’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) mesure quatre domaines de compétences : la compréhension de textes suivis, la compréhension de textes schématiques, la numératie et la résolution de problèmes.

Le Québec montre des résultats moyens inférieurs à la moyenne canadienne dans les textes suivis et les textes schématiques. La moyenne québécoise rejoint la moyenne canadienne en numératie et en résolution de problèmes.

Il y a une certaine amélioration chez les jeunes Québécois de 16 à 25 ans, dont les moyennes dans les textes suivis dépassent la moyenne canadienne3.

Avec plus de 54 % de leur population aux niveaux 1 et 2 pour les textes suivis et des proportions plus élevées dans les autres domaines, le Québec, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador ont clairement une partie importante de leur population âgée de 16 ans et plus qui est, selon toute probabilité, incapable de réaliser son plein potentiel économique et social.

Échelle de littératie en santé

Une échelle de littératie en santé a été élaborée à partir des données de L’EIACA en se basant sur les activités et les comportements liés à la santé dans cinq catégories : la promotion de la santé, la protection de la santé, la prévention de la maladie, les soins de santé et la compréhension du système de santé.

Selon le Conseil canadien sur l’apprentissage, le lien entre l’état de santé et le niveau de littératie est assez important pour signifier que la santé globale de la population pourrait être améliorée si l’on arrivait à augmenter le niveau de littératie en santé des adultes. Ceci pourrait également réduire la durée et les coûts des soins de santé, de même que la fréquence des accidents de travail et les iniquités sociales en matière de santé.

1 Conseil canadien sur l’apprentissage, « Littératie en santé au Canada. Résultats initiaux de l’EIACA », 2007, Ottawa, 37 p.
2 Bernèche, Francine; Traoré Issouf; Perron, Bertrand. « Littératie en santé : compétences, groupes cibles et facteurs favorables », Résultats québécois de l’EIACA, Institut de la statistique du Québec, Zoom santé, février 2012, no 35.
3 Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec, « Analyse de l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) », septembre 2006.